Hier en visite Habitologue sur un petit immeuble de centre-ville, j'ai répété au moins 3 fois un petit discours et échange avec les occupants, l'artisan, l'agence immobilière et le propriétaire, sur l'importance capitale de la ventilation (mécanique, constante, forcée) et l'aération (ouverture des fenêtres) et de garder un œil fréquemment sur le taux d'humidité dans l'air, et de tester périodiquement le bon fonctionnement de la ventilation (débit, dimensionnement, positionnement), y compris tester pour la qualité de l'air intérieur, par des pros pour avoir leur conclusion et pistes pour rectifier la situation.
Voici donc, étayé par des études et publications officielles, ces explications (promis je rends le truc plus vivant en personne !)

La Qualité de l'Air Intérieur des Logements : Enjeux et Recommandations
La qualité de l'air intérieur (QAI) est un enjeu majeur de santé publique, particulièrement dans les logements où nous passons une grande partie de notre temps. Les polluants présents dans l'air intérieur peuvent provenir de diverses sources, y compris les activités des occupants, les matériaux de construction, les produits d'entretien, et même l'air extérieur. L'Agence de la transition écologique (ADEME) et diverses recherches scientifiques mettent en lumière l'importance de ce sujet et proposent des solutions pour améliorer la QAI.
Sources de Pollution et Impacts sur la Santé
Les polluants intérieurs incluent des substances chimiques, biologiques et physiques. Les composés organiques volatils (COV), les particules fines, les moisissures, et les allergènes sont parmi les plus courants. Ces polluants peuvent avoir des effets néfastes sur la santé, allant des irritations des yeux et de la gorge aux maladies respiratoires et cardiovasculaires.
L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI), créé en 2001, a réalisé plusieurs campagnes de mesures dans différents types de bâtiments, y compris les logements. Ces études ont permis de dresser un inventaire des polluants potentiellement présents et de sensibiliser le public et les professionnels à ces enjeux.
Il y a manifestement encore beaucoup de sensibilisation à faire !
L'étude Emibio du CEREMA (mi 2022) a pu démontrer que les matériaux biosourcés ne sont pas plus des sources de polluants de l'air que d'autres matériaux de construction (que ce soit les COV ou le développement de moisissures par exemple)
Recommandations pour Améliorer la Qualité de l'Air Intérieur
1. Aération et Ventilation :
- Aérer régulièrement : Ouvrir les fenêtres en grand pendant au moins 10 minutes par jour permet de renouveler l'air intérieur. Il est également recommandé d'aérer pendant les activités générant des polluants, comme le ménage, le bricolage ou la cuisine.
- Ventilation : Assurer une bonne ventilation, qu'elle soit naturelle ou mécanique (VMC), est crucial. L'entretien régulier des systèmes de ventilation est également important pour garantir leur efficacité.

Les 2 sont nécessaires. Pour un bon sommeil, aérer avant de se coucher est particulièrement indiqué, l'air frais (renouvelé) et une température fraîche favorise le sommeil.
Aérer au lever est aussi conseillé, notre respiration au repos dégage 40 à 60g par heure donc possiblement 500g par personne !
2. Bon Dimensionnement et Usage de la VMC :
- Usage : Il est important de vérifier régulièrement le bon fonctionnement de la VMC et de nettoyer les filtres et les bouches d'aération. Une VMC mal entretenue peut devenir une source de pollution intérieure. De plus, il est recommandé de ne pas obstruer les bouches d'aération avec des meubles ou des rideaux.
- Dimensionnement : Une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) bien dimensionnée est essentielle pour assurer un renouvellement d'air efficace. Le débit d'air doit être adapté à la taille du logement et au nombre d'occupants. Un débit insuffisant peut entraîner une accumulation de polluants, tandis qu'un débit excessif peut entraîner des pertes énergétiques.
Dans le bâti ancien, il faut prendre en compte le besoin d'évaporation de toutes les surfaces perméables ou capillaires en contact avec le sol.
Une ventilation sur détection d'humidité est donc toute indiquée pour s'ajuster au besoin de renouvellement d'air pouvant fluctuer dans une journée, sur une semaine et dans l'année.
Dans un climat humide (océanique..) ou un habitat particulièrement humide, la VMC hygro peut "surventiler" par rapport aux donnée constructeur/nationales.
Vu chez des clients en VMC double flux (hygro) qui se trouvent à changer les filtres 3 fois plus souvent que prévu ! C'est une dépense pour leur santé mais un calibrage sera à prévoir, possiblement en gérant l'humidité autrement que par un renouvellement d'air (il y aura toujours un débit d'air "hygiénique" à renouveller, bien entendu)
3. Hygrométrie de l'Air :
Assez peu mentionné, mais chez les Habitologues nous l'avons bien recherché et compris, dans tous les intérieurs, mais encore plus en bâti ancien, et avec des matériaux bio-sourcés (ou géo-sourcés type chaux, argile...), la maîtrise de l'humidité est la clé de la
Santé
du Confort
de la Pérennité des ouvrages

- Taux d'humidité optimal : Maintenir un taux d'humidité relative (HR) entre 40% et 60% est recommandé pour un air intérieur sain ( et même, en dessous de 50 % si l'on veut limiter la prolifération des acariens). Un air trop sec peut provoquer des irritations des voies respiratoires et favoriser la propagation de virus, tandis qu'un air trop humide peut favoriser le développement de moisissures et d'acariens.
- Contrôle de l'humidité : Utiliser des humidificateurs ou des déshumidificateurs selon les besoins pour maintenir ce taux d'humidité optimal. Il est également important de ventiler les pièces humides comme les salles de bain et les cuisines pour éviter l'accumulation d'humidité.
Si certaines moisissures commencent déjà à se développer vers 60% d'HR, l'emballement arrive au-delà de 70% d'HR, qui atteint facilement 80% à proximité et au contact de parois peu ou pas isolées, parfois même avec condensation (eau liquide) et donc il devient très difficile de les contrôler.
L'humidité relative a aussi un fort impact sur la consommation énergétique. j'ai tout un article à ce sujet : ici
4. Choix des Matériaux et Produits :
- Matériaux de construction : Privilégier des matériaux à faibles émissions de COV et éviter les produits contenant des substances nocives. Penser au vieillissement (UV, chaleur...) des plastiques, et pire, de leur production de gaz toxiques en cas d'incendie.
Diverses études dont EMiBio démontrent que la plupart des polluants viennent plutôt de l'usage : produits d'entretien, meubles neufs, séchage du linge, que de la construction.
Mais après tous travaux, bien aérer et dépoussiérer de façon encore plus systématique est bien entendu conseillé, le temps que le séchage soit parfait, que les produits neufs ait évaporé (étude PRIMEQUAL par exemple et de nombreuses autres citées dans cet article, sur les taux de "dégazage" sur les premières semaines et premiers mois des meubles neufs)
- Produits d'entretien : Utiliser des produits d'entretien écologiques ou à faible impact environnemental. Les recherches montrent que les produits d'entretien conventionnels peuvent dégrader la qualité de l'air intérieur. ATTENTION AUX MELANGES DE PRODUITS ! inoffensif+inoffensif peut = danger s'ils réagissent ensemble. rincer; sécher si on ne sait pas quel produit a été appliqué précédemment.
5. Comportements des Occupants :
- Sensibilisation : Informer les occupants sur les bonnes pratiques pour maintenir une bonne qualité de l'air intérieur. Des études sociologiques montrent une méconnaissance générale du sujet et des pratiques souvent inefficaces.
Selon l'étude citée ci avant et ma propre pratique, La notion d'ouvrir la fenêtre 10 minute est connu mais mal appliquée, car le "gain" suite à un inconfort certain (10 minutes de froid ou avec un risque de pluie qui s'infiltre, etc) n'est pas connu.
Du reste, la VMC, son fonctionnement, le circuit de l'air et la balayage des espaces, l'influence du taux d'humidité sur le confort thermique, etc etc, est encore moins connu et appliqué!
- Changement de comportement : Encourager des comportements favorables à la QAI, comme l'utilisation de capteurs de CO2 ou l'adoption de gestes simples pour réduire la pollution intérieure, surtout lié au ménage (poussières), aux produits parfumés, ou au bouchage de VMC ou de prises d'air.
Initiatives et Projets de Recherche
L'ADEME soutient plusieurs programmes de recherche visant à mieux comprendre les déterminants de la qualité de l'air intérieur et à développer des solutions innovantes. Par exemple, le projet AQACIA vise à améliorer la compréhension des pollutions de l'air intérieur et extérieur et à évaluer des solutions efficaces pour les réduire.
De plus, des études spécifiques comme le projet de recherche ADOQ (activités domestiques et qualité de l’air intérieur) et le projet PEPS (produits d’entretien protocole simplifié) ont mis en évidence l'impact des activités domestiques sur la QAI.
Conclusion
La qualité de l'air intérieur des logements est un enjeu de santé publique qui nécessite une attention particulière. Grâce aux recherches et aux initiatives de l'ADEME et d'autres organismes, des recommandations pratiques peuvent être mises en œuvre pour améliorer la QAI. En adoptant des comportements responsables, en choisissant des matériaux et produits adaptés, en assurant un bon dimensionnement et usage de la VMC, et en contrôlant l'hygrométrie de l'air, il est possible de réduire significativement les risques liés à la pollution de l'air intérieur.
A votre écoute,
Emily B. Peterson

LA CANADIENNE SARL
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Habitologue, formatrice Habitologue pro
Accompagnatrice Bâtiment Durable Nouvelle-Aquitaine
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